L'entreprise libérée : Une révolution managériale basée sur la confiance
- Jean Noël Bruère
- 19 sept.
- 4 min de lecture

Ces dernières années, le concept d'entreprise libérée fait beaucoup parler de lui dans le monde du management et du développement organisationnel.
De plus en plus d'organisations cherchent à mettre en pratique ce modèle pour booster leur performance et redonner du sens à leur travail.
Mais de quoi s'agit-il exactement ?
Simple mot à la mode émanant d’un monde de « bisounours » ou véritable transformation culturelle ?
A vous d’en juger…
Les origines du mouvement : Getz, Carney et autres pionniers
Le terme "entreprise libérée" popularisé par Isaac Getz et Brian M. Carney dans leur ouvrage phare "Liberté & Cie" paru en 2012, décrit un modèle organisationnel où les salariés jouissent d'une autonomie presque totale.
Les employés ne sont plus soumis au traditionnel contrôle hiérarchique mais deviennent des acteurs responsables, capables de prendre des décisions pour atteindre les objectifs de l'organisation.
Ce concept puise ses racines dans les travaux bien antérieurs de penseurs comme Douglas McGregor et sa théorie X/Y, ou encore dans l'expérience terrain de dirigeants visionnaires à l'image de Jean-François Zobrist chez Favi.
Ce dernier, dans les années 1980, avait déjà transformé sa fonderie en appliquant des principes révolutionnaires pour l'époque : suppression du contrôle horaire, autonomie des équipes, responsabilisation maximale.
Les piliers fondamentaux de l'entreprise libérée
La confiance comme principe directeur
La confiance radicale constitue le fondement même de ce modèle.
Les dirigeants doivent accepter de lâcher prise et faire confiance à l'intelligence collective de leurs équipes.
Cette confiance se manifeste par l'absence de contrôle systématique, la transparence informationnelle et la liberté accordée aux salariés pour organiser leur travail.
La responsabilisation des collaborateurs
Chaque individu y devient pleinement responsable de ses actions et décisions.
Cette responsabilisation s'accompagne naturellement du droit à l'erreur, perçu non comme une faute mais comme une opportunité d'apprentissage.
Les équipes auto-organisées définissent elles-mêmes leurs modes de fonctionnement et leurs objectifs en alignement avec la vision globale de l'organisation.
La raison d'être comme boussole
Une entreprise libérée fonctionne autour d'une raison d'être inspirante qui dépasse la simple recherche de profit.
Cette vision partagée guide les décisions et actions de chacun, remplaçant les procédures rigides et la supervision hiérarchique.
Les collaborateurs comprennent la contribution de leur travail à cette finalité commune.
Différences avec d'autres modèles organisationnels
Holacratie et sociocratie : des cadres structurés
L'holacratie, formalisée par Brian Robertson, propose un système de gouvernance précis avec des règles claires, des cercles autonomes et des processus décisionnels spécifiques.
La sociocratie, quant à elle, insiste particulièrement sur la prise de décision par consentement et le lien entre les cercles.
Ces deux modèles offrent un cadre structuré pour distribuer le pouvoir.
L'entreprise libérée, elle, représente plutôt une philosophie globale pouvant intégrer certains de ces mécanismes.
Méthodes agiles : focalisation sur la flexibilité opérationnelle
Les méthodes agiles, originaires du développement logiciel, se concentrent sur l'adaptabilité, l'itération et la satisfaction client.
Bien que partageant des valeurs communes comme l'autonomie des équipes et la collaboration, l'agilité concerne davantage les pratiques de travail que l'ensemble du système organisationnel.
Une entreprise peut être agile sans être libérée, et vice versa.
Mise en pratique : comment ça marche concrètement ?
Prenons l'exemple d'une entreprise réunionnaise que j’ai accompagnée il y a quelques années, spécialisée dans les services informatiques.
Lassée par la lourdeur hiérarchique et la lenteur décisionnelle, la direction a engagé une transformation vers un modèle libéré.
Notre première étape a consisté à clarifier la raison d'être de l'entreprise :
Nous sommes arrivés à "Créer des solutions technologiques qui améliorent le quotidien des habitants de La Réunion".
Cette énonciation simple mais puissante a servi de point de départ à la transformation.
Ensuite, l'organisation a progressivement supprimé les niveaux hiérarchiques superflus.
Avec les modèles que j’ai proposés, les chefs de service sont devenus des coachs d'équipe, leur rôle évoluant du contrôle au soutien.
Les équipes ont été invitées à auto-organiser leur travail autour de projets plutôt que de tâches fragmentées.
La transparence radicale a été instaurée : toutes les informations financières, stratégiques et opérationnelles sont désormais accessibles à tous les collaborateurs.
Les réunions de « direction » ont été ouvertes à quiconque souhaite y participer.
Les résultats ont été spectaculaires : en dix-huit mois, la productivité a augmenté de 25%, l'absentéisme a chuté de 40% et l'innovation s'est considérablement accélérée avec le dépôt de trois brevets Européens issus d'initiatives d'équipes.
FAQ sur l'entreprise libérée
L'entreprise libérée convient-elle à tous les secteurs d'activité ?
Absolument.
Le modèle a fait ses preuves dans des secteurs variés : Gore-tex, Imatech, Lippi, Chronoflex ou encore Poult, la fonderie Favi et même l'éducation.
La clé du succès réside dans l'adaptation des principes au contexte spécifique de chaque organisation.
Comment gérer les performances individuelles dans ce modèle ?
Les entreprises libérées remplacent souvent l'évaluation traditionnelle par des mécanismes de feedback multi-sources et d'auto-évaluation.
La rémunération peut être basée sur des critères transparents et objectifs, parfois co-définis par les collaborateurs eux-mêmes.
Quelle est la place du manager dans une entreprise libérée ?
Le manager ne disparaît pas mais voit son rôle radicalement transformé.
Il est bon qu’il soit lui-même coaché pour devenir un facilitateur, un coach, un support pour les équipes.
Sa mission principale est de créer les conditions permettant à chacun de s'épanouir et de contribuer au maximum à la raison d'être commune.
Vers un nouveau paradigme organisationnel
L'entreprise libérée représente bien plus qu'une simple mode managériale.
Elle incarne une transformation profonde de notre rapport au travail, à l'autorité et à la collaboration.
En plaçant la confiance et la responsabilisation au cœur du système, elle libère le potentiel humain souvent entravé par les structures traditionnelles.
Pour les organisations réunionnaises, ce modèle offre une opportunité unique de concilier performance économique et bien-être au travail, tout en respectant les spécificités culturelles locales.
La transition vers une entreprise libérée demande du courage, de la persévérance et souvent un accompagnement spécialisé, mais les bénéfices peuvent être considérables.
Chez Coach Réunion, j'accompagne les dirigeants et managers dans cette transformation profonde, en adaptant les principes de l'entreprise libérée au contexte unique de l'île de La Réunion.
Mon approche combine expertise théorique et connaissance fine des réalités locales pour garantir une implantation réussie de ces nouvelles pratiques managériales.
Auteur : Jean-Noël BRUERE
COACH REUNION CONSULTING 2025




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