top of page

Intelligence artificielle et coaching : une alliance imparfaite face à l'aventure humaine

  • Photo du rédacteur: Jean Noël Bruère
    Jean Noël Bruère
  • 12 oct.
  • 7 min de lecture
ree

Une révolution silencieuse transforme le monde de l'accompagnement professionnel.


C’est un fait, de plus en plus de managers, de dirigeants, de cadres et de chefs d'entreprise, se tournent vers l'intelligence artificielle pour surmonter leurs défis.

 

Une évolution professionnelle en cours ou envisagée, un conflit avec un collaborateur, une difficulté de positionnement, etc… la liste est longue des sujets sur lesquels on peut chercher des ressources dans les bras accueillants et facilement accessibles des automatismes en ligne...


À première vue, cette option semble séduisante : immédiate, disponible 24 heures sur 24, apparemment neutre.


Alors pourquoi donc engager un coach professionnel à Paris, à La Réunion ou ailleurs quand une machine peut prodiguer de beaux conseils en un clic ?


Cette tendance, géniale en apparence, repose avant tout sur une méconnaissance profonde de la nature même du coaching.


Elle est, au mieux, inefficace, et au pire, dangereuse pour l'épanouissement personnel et professionnel des imprudents qui s’y aventurent.


Explorons ici les limites de l'IA face à la richesse et la complexité de l'accompagnement humain, une aventure où la fragilité et l'authenticité deviennent des forces motrices.


La relation humaine : l'irremplaçable pilier du coaching


Le cœur de notre métier de coach professionnel ne bat pas dans un processeur, mais dans la qualité du lien tissé entre deux individus.


Cette connexion dépasse largement le simple échange d'informations.


La communication : bien plus que des mots


La communication humaine est un orchestre à trois instruments. Le verbal, les mots prononcés, ne représente qu'une petite partie de la mélodie.


L'intelligence artificielle excelle dans ce domaine, analysant et générant du texte avec une précision remarquable, inégalable même.


Cependant, elle reste complètement sourde et aveugle aux deux autres musiciens, bien plus expressifs.


· La communication non verbale – le langage corporel, la posture, le regard, un sourire, un geste de la main – porte environ 55% du sens d'un message.


· La communication paraverbale – le ton de la voix, le débit, les silences, les hésitations – en charie environ 38%.


Ces pourcentages, issus des travaux du psychologue Albert Mehrabian, illustrent une réalité frappante : en se fiant uniquement aux mots, l'IA perd la compréhension de près de 93% du contenu réel d'un échange.


Imaginez un cadre qui déclare "tout va bien" avec une voix éteinte, le regard baissé  et les épaules voûtées.


Un coach humain saisira immédiatement la dissonance.


Il percevra l'épuisement derrière l'affirmation, la tension dissimulée.


L'IA, elle, ne verra que le texte "tout va bien" et pourra alors proposer des conseils pour "maintenir une attitude positive", manquant complètement la détresse sous-jacente.


Le coaching à La Réunion, comme partout ailleurs, se nourrit de cette présence totale, de cette écoute des corps et des émotions.


La force salvatrice de l'imperfection humaine


Voici un paradoxe central de notre métier : la puissance du coaching naît de la vulnérabilité partagée.


Un coach est un être humain.


Il peut se tromper, avoir un moment de doute, reformuler une question de manière maladroite.


Cette imperfection est précieuse.


Elle crée un espace de sécurité où le coaché se sent autorisé, à son tour, à être imparfait.


L'infaillibilité froide et statistique d'un système d'IA peut, au contraire, être écrasante.

Face à une machine qui propose toujours la "meilleure" réponse, basée sur des millions de données, comment un individu ne se sentirait-il pas inadéquat?


Prenons l'exemple de Sophie, une responsable commerciale qui consulte une IA pour gérer son stress.


L'IA lui énumère des techniques de respiration et de gestion du temps, parfaites sur le papier.


Mais Sophie, déjà en proie à une mésestime d'elle-même, interprète cela comme un échec personnel : "Même la machine me dit ce que je devrais faire, et je n'y arrive toujours pas."


Son sentiment d'incapacité se renforce.


Un coach professionnel pour managers, lui, pourrait partager une expérience personnelle d'échec, une fois où lui-même a été submergé, comme Sophie.


Cette humanité commune désamorce la pression de la performance.


Elle dit : "Vous n'êtes pas seul. Nous avançons ensemble, avec nos forces et nos faiblesses."


Cette alliance est un antidote puissant à l'isolement résultant de la recherche de solutions purement technocratiques.


Le piège du diagnostic prématuré : quand la question contient déjà la réponse.


L'une des plus grandes menaces de l'IA dans l'accompagnement réside dans son incapacité à remettre en cause la demande initiale.


Poser une question à une intelligence artificielle, c'est déjà orienter, voire verrouiller, le champ des réponses possibles.


Je reçois fréquemment en cabinet des professionnels qui, avant même d'avoir décrit leur situation, formulent leur problème sous forme d'un diagnostic auto-administré.


"J'ai besoin de renforcer ma confiance en moi", affirment-ils. Ou bien : "Je dois améliorer mes compétences en leadership."


Ce sont souvent des phrases qu'ils ont lues, entendues de leur entourage , ou que l'IA elle-même a pu leur suggérer.


Un coach « humain » n'"achète" aussi facilement pas ce diagnostic.


Il ne le prend pas pour argent comptant, loin de là.


Par un questionnement précis et bienveillant, il va décortiquer cette demande avec la personne.


· "Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?"


· "Dans quelle situation récente vous êtes-vous senti en manque de confiance ?"


· "Si vous aviez davantage confiance en vous, que feriez-vous différemment, concrètement ?"


Ce travail de déconstruction, lent (eh oui !) et minutieux, révèle souvent une réalité bien différente.


La demande "renforcer ma confiance en moi" peut se transformer en "j'ai des difficultés relationnelles avec ce collègue qui remet systématiquement mon travail en cause".


Le besoin n'est plus un concept abstrait de développement personnel, mais un problème relationnel et contextuel bien précis.


Le travail d'accompagnement change alors complètement de nature.


Il ne s'agit plus de suivre un programme générique pour booster l'estime de soi, mais d'explorer des dynamiques d'équipe, de travailler sur l'affirmation de soi dans un cadre spécifique, de rejouer des conversations difficiles.


Véritable « béni oui-oui », l'IA, à l’inverse, "achète" toute demande.


Elle traitera "manque de confiance en soi" comme une donnée de base incontestable et produira une liste d'exercices standardisés.


Elle ne peut pas entendre l'hésitation dans la voix du « client » lorsqu'il prononce ces mots.


Elle ne peut pas percevoir la colère rentrée ou la peur qui se cache derrière.


Elle renvoie une réponse, mais elle ne « rencontre » pas la personne.


Le coaching : une aventure humaine en 4 dimensions


Face à la froideur binaire de l'IA, le coaching professionnel se présente comme une aventure humaine en 4D.


C'est une expérience sensorielle, relationnelle et transformative qui ne peut se réduire à une froide relation avec un écran.


  1. Le cadre physique et sécurisant. 


Se rendre au cabinet d'un coach, que ce soit à Saint-Denis, à Paris ou ailleurs, c'est déjà s'engager dans un processus.


C'est un lieu neutre, hors de l'entreprise, dédié à la réflexion.


L'odeur du café, la disposition des fauteuils, la tranquillité de l'espace... tout cela participe à créer un contenant sécurisant où la vulnérabilité peut émerger sans crainte.

A l’odeur du café près, il en est de même pour les rencontres en visioconférences.


C'est l'antithèse de l'interaction distraite et solitaire avec un chatbot depuis son open space ou son canapé.


2. La présence et l'écoute active. 


Un coach vous est entièrement présent.


Il ne multitâche pas.


Son attention est portée sur votre personne dans sa globalité.


Cette présence attentive est une validation puissante pour vous le coaché, qui vous sentez véritablement écouté et important.


3. L'intelligence de la situation. 


Un coach humain comprend les nuances culturelles, le contexte spécifique de l'entreprise, les non-dits organisationnels.


Un coach à La Réunion, par exemple, intégrera naturellement les particularités du marché local et des relations professionnelles dans son approche.


L'IA opère dans un univers décontextualisé, sans réelle compréhension des micro-cultures d'entreprise.


4.   La co-création du sens. 


Le parcours de coaching n'est pas un chemin tracé à l'avance.


Il se construit pas à pas, dans l'alliance entre le coach et le coaché.


Le coach n'a pas de solutions toutes faites ; il facilite l'émergence des solutions propres à l'individu.


C'est un processus dynamique et créatif, une conversation qui génère de nouveaux sens et de nouvelles perspectives.


Foire aux questions (FAQ)


L'IA ne peut-elle pas être un outil complémentaire pour le coach?


Bien sûr que si.


En tant qu'outil, l'IA peut être précieuse pour analyser des données, générer des rapports ou suggérer des cadres de travail.


Mais elle reste un outil au service de la relation humaine, jamais un substitut.


Le coach utilise l'outil ; il ne se laisse pas remplacer par lui.


Je suis très occupé. L'IA n'est-elle pas plus pratique et rapide ?


Cette rapidité est souvent un leurre.


Une réponse rapide à un problème mal posé ne résout rien et peut même l'aggraver.


Le temps investi dans un coaching humain est un temps de qualité, de profonde réflexion, qui permet de traiter la cause racine des défis, pas seulement les symptômes.


C'est un investissement durable dans son propre développement.


Comment choisir entre un coach et un consultant ? Et où se place l'IA ?


Un consultant est un expert qui apporte des solutions et des conseils.


Un coach est un facilitateur qui vous aide à trouver vos propres solutions.


L'IA se comporte comme un consultant ultra-spécialisé mais dépourvu de jugement contextuel et d'empathie.


Si vous avez besoin d'une réponse technique immédiate, un consultant ou l'IA peuvent suffire.


Si vous cherchez à développer votre autonomie, votre leadership et votre intelligence relationnelle, le coaching est la voie royale.


Pour en savoir plus, découvrez un coach professionnel adapté à vos besoins.



Tourner le dos à l'aventure humaine du coaching pour se réfugier dans les bras froids et "tirés au cordeau" de l'intelligence artificielle est un pari risqué.


Vous y gagnerez peut-être en rapidité apparente, mais vous y perdrez l'essentiel : la rencontre transformative avec un autre être humain, capable de percevoir vos silences, d'accueillir vos doutes et de célébrer, avec une authenticité vibrante, chacune de vos victoires.


Le coaching n'est pas un service à la demande.


C'est un partenariat, un voyage en territoire inconnu – le vôtre – aux côtés d'un guide qui, parce qu'il est lui-même vulnérable, rend votre propre vulnérabilité source de puissance.


Face aux défis complexes du monde professionnel actuel, c'est cette alliance profonde, et non un algorithme, qui reste votre  plus puissant levier de transformation.

 

 

Auteur : Jean-Noël BRUERE

COACH REUNION CONSULTING 2025

 
 
 

Commentaires


bottom of page