Gestion d’un collaborateur dépressif : entre empathie et discernement
- Jean Noël Bruère
- 26 août
- 4 min de lecture

Dans notre univers managérial, certaines situations exigent une finesse psychologique et une grande acuité émotionnelle.
La gestion (épineuse) d’un collaborateur présentant des signes de dépression en fait partie.
Cette problématique, aussi délicate que complexe, place souvent le manager dans une position inconfortable, tiraillé entre son devoir de bienveillance et la nécessité de préserver la dynamique d’équipe.
Comment alors distinguer la vraie souffrance psychique d’un éventuel comportement manipulateur, sans verser ni dans une dangereuse naïveté ni dans la suspicion généralisée?
Cet article se propose de vous éclairer, en vous offrant des clés concrètes pour naviguer ces eaux troubles avec humanité et lucidité.
Comprendre la dépression : au-delà des idées reçues
La dépression clinique reste une pathologie mentale souvent incomprise, réduite à tort à une simple tristesse passagère ou à un manque de motivation.
Il s’agit en réalité d’un trouble complexe, affectant l’humeur, les pensées et les fonctions physiques de l’individu.
Un salarié dépressif peut ainsi manifester une fatigue persistante, des difficultés de concentration, un désintérêt pour ses tâches, ou encore une irritabilité inhabituelle.
Prenons un exemple que je connais bien, celui de Marie, responsable marketing dans une ESN Réunionnaise.
Son manager, Jean, remarque une baisse soudaine de sa productivité, des retards répétés et un évitement des réunions d’équipe.
Avant de sauter aux conclusions, Jean décide d’engager une conversation individuelle, dans un cadre neutre et confidentiel.
Il apprend alors que Marie traverse un épisode dépressif sévère, suite à un divorce difficile.
En l’écoutant sans jugement, Jean a posé les bases d’un dialogue constructif, aidant pour Marie.
Manipulation ou souffrance authentique : apprendre à différencier
Si la dépression existe bel et bien, il arrive aussi que des collaborateurs utilisent des stratégies manipulatoires pour éviter certaines tâches, obtenir des avantages ou justifier des performances médiocres.
La frontière peut paraître mince, mais certains indices aident à y voir plus clair.
La manipulation se caractérise souvent par une incohérence entre le discours et les actions.
La personne peut exagérer ses symptômes, refuser systématiquement les aides proposées, ou retourner situations à son avantage de manière calculée.
À l’inverse, un salarié véritablement dépressif montre généralement une volonté, une envie de s’en sortir, même si son énergie est limitée.
Imaginons Thomas, technicien dans une entreprise de BTP. Il se plaint constamment de stress et d’anxiété, exige des aménagements horaires, mais refuse toute offre de soutien ou de consultation auprès de la médecine du travail.
Son manager observe aussi qu’il est toujours très en forme lors des pauses déjeuner ou des événements sociaux.
Cette dissonance invite à la prudence et à un choix méticuleux des attitudes à adopter vis-à-vis de Thomas.
Adopter la bonne posture managériale : écoute active et cadre bienveillant
Face à ces situations, la réponse managériale doit allier empathie et fermeté.
Voici quelques pistes d’action concrètes.
Ouvrir le dialogue sans brusquer
Organisez un entretien individuel, dans un lieu calme et discret.
Utilisez des questions ouvertes : « Comment te sens-tu en ce moment ? » ou « As-tu rencontré des difficultés récentes ? ».
Montrez-vous à l’écoute, sans pour autant jouer au thérapeute.
Proposer des solutions adaptées
Suggestions de temps partiel thérapeutique, mise en relation avec le médecin du travail, ou recours à un coach professionnel pour managers compétent en santé au travail.
Documentez ces propositions pour tracer les actions engagées.
Fixer des objectifs clairs et réalistes
Même en cas de souffrance avérée, le collaborateur doit comprendre les attentes de son poste.
Définissez ensemble des priorités et des échéances réalistes, pour maintenir un cadre sécurisant.
S’entourer des ressources internes
N’hésitez pas à solliciter les RH, la médecine du travail, ou même un coach en management pour vous aider à gérer la situation.
Vous n’êtes pas seul face à ces défis.
Quand la situation persiste : protéger l’équipe et l’entreprise
Malgré toutes vos tentatives, si le collaborateur refuse toute aide ou persiste dans des comportements toxiques, il devient nécessaire de protéger la santé de l’équipe et la productivité globale.
Cela peut passer par une mise en garde formalisée, une mutation, ou dans les cas extrêmes, une rupture de contrat.
Agissez toujours en concertation avec les RH et sur la base d’éléments factuels.
Foire aux questions (FAQ)
Comment aborder un collaborateur dont je soupçonne la dépression ?
Privilégiez un moment calme, en tête-à-tête.
Exprimez vos observations factuelles (« J’ai remarqué que tu semblais moins investi ces dernières semaines ») et proposez votre aide, sans être intrusif.
Quelles sont les erreurs à éviter absolument ?
Minimiser sa souffrance (« Tout le monde a des coups de blues »), jouer les psychologues, ou à l’inverse, ignorer complètement la situation.
C’est évident mais il est bon de le répéter : ne promettez pas non plus ce que vous ne pouvez pas tenir.
Le collaborateur peut-il être licencié en cas de dépression ?
La dépression, comme toute autre maladie, est protégée par le droit du travail.
Un licenciement pour motif médical est strictement interdit.
En revanche, si des faits de manipulation ou des manquements professionnels sont avérés et documentés, une procédure de licenciement pourra être engagée sur ces bases.
Dois-je en parler à l’équipe ?
Non, la confidentialité médicale est absolue.
Vous pouvez évoquer des réorganisations de travail sans dévoiler des informations personnelles.
Conclusion : un équilibre subtil entre cœur et raison
Gérer un collaborateur dépressif ou potentiellement manipulateur demande avant tout du discernement.
En restant à l’écoute, en fixant un cadre et en vous entourant des experts adéquats, vous transformerez cette épreuve en opportunité de renforcer votre leadership.
N’oubliez pas : un manager se doit d’être humain sans être naïf, et ferme sans être inflexible.
Besoin d’être accompagné dans la gestion de situations managériales complexes ?
N’hésitez pas à faire appel à un coach professionnel ou à un coach en développement personnel à La Réunion pour vous aider à trouver l’équilibre parfait.
Article rédigé par l’équipe de coach-reunion.com, spécialiste de l’accompagnement managérial et personnel depuis plus de 15 ans. Retrouvez-nous sur www.coach-reunion.com pour plus de conseils et d’astuces.
Auteur : Jean Noël BRUERE
COACH REUNION CONSULTING 2025




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