« Et vous trouvez ça drôle ? » Coachez avec l’humour !

L’humour en coaching n’est pas une simple fantaisie, c'est un outil stratégique favorisant la transformation personnelle et professionnelle.

Loin de minimiser les enjeux, il permet de créer un climat propice à la réflexion, de désamorcer les tensions et d’accélérer les prises de conscience.

Mais comment intégrer cette dimension avec justesse dans votre pratique ?

Exploration des mécanismes et des bonnes pratiques.

L’humour comme levier de déblocage psychologique

L’humour agit comme un levier de déblocage psychologique en contournant les résistances cognitives.

Il a été démontré qu’une approche teintée d’exagération et d’autodérision permettait aux individus de prendre du recul sur leurs schémas limitants.

Contrairement aux méthodes traditionnelles centrées sur l’analyse sérieuse et un brin austère des problèmes, cette technique provoque une réaction immédiate : le client, interpellé par l’absurdité mise en lumière, se retrouve à mobiliser instinctivement ses ressources plutôt qu’à patauger dans ses difficultés.

Exemple : Un coaché affirmant "Je suis nul en gestion du temps" pourrait recevoir une réponse du type : "Effectivement, organiser un rendez-vous avec vous relève de l’exploit spatial !".

Cette hyperbole, si elle est délivrée avec justesse et bienveillance, l’incite à rectifier le tir – "Enfin, pas à ce point !" – et à identifier ses compétences réelles.

Renforcer l’alliance coach-coaché par la connivence

Renforcer l’alliance coach-coaché passe souvent par une connivence humoristique.

Il faut bel et bien choisir de partager des moments de légèreté pour créer une proximité émotionnelle, essentielle pour aborder des sujets les plus sensibles.

Les techniques éprouvées :

• L’autodérision contrôlée : Le coach montre qu’il ne se prend pas au sérieux ("Moi aussi, j’ai déjà fui devant tableau Excel comme Dracula devant une gousse d’ail"), encourageant le client à en faire autant.

  
  

• Les métaphores décalées : Comparer une situation anxiogène à "un concours de cris de mouettes derrière un chalutier" peut instantanément réduire sa charge émotionnelle.

  
  

Attention : L’humour doit rester inclusif. Le sarcasme ou les blagues culturellement biaisées risquent de produire l’effet inverse de celui recherché.

Dédramatisation : transformer les obstacles en défis ludiques

Dédramatiser grâce à l’humour modifie la perception des obstacles.

On le sait bien, rire de soi est le premier pas vers l’acceptation de qui l’on est.

Les applications pratiques :

1.  Jeu de rôle exagéré : Le coaché incarne sa "version catastrophique" (ex. : un manager tyrannique façon bande dessinée), révélant l’excès de ses croyances.

2.  Scénarios absurdes : "Et si vous envoyiez un CV rédigé en emojis ?" Cette proposition improbable fait ressortir les attentes réalistes.

Cas réel : Une dirigeante stressée par la perspective d’un discours important s’est entraînée à le déclamer avec une voix de canard. Résultat ? Une libération du trac et une prestation finalement assurée.

Stimuler la créativité par le paradoxe et l’exagération

Stimuler la créativité nécessite parfois de sortir des cadres rationnels.

« L’intention paradoxale", issue de la systémique de Palo Alto consiste notamment à pousser le comportement problématique à son paroxysme pour en révéler l’inanité.

Mise en œuvre :

• Anti-conseils : "Votre objectif est d’être encore plus inefficace ? Parfait, planifions votre procrastination."

  
  

• Exercice du pire scénario : "Imaginez que votre présentation se passe si mal que vous devenez viral sur TikTok… Que feriez-vous alors ?"

  
  

Ces techniques, en introduisant une dimension humoristique, réduisent l’anxiété de performance et ouvrent des pistes inédites.

Des pièges à éviter : quand l’humour devient contre-productif

Certaines pratiques peuvent nuire à la relation. Voici les écueils majeurs :

1. L’humour mal calibré

• Risque : Une blague sur un sujet tabou (ex. : Un : licenciement) peut braquer le client.

• Solution : Tester progressivement, en observant les réactions non verbales (sourire forcé, croisement des bras).

  
  

2. Le piège du "standing comedy"

• Risque : Transformer la séance en one-man-show détourne l’objectif.

• Solution : Privilégier l’humour interactif ("À votre avis, quelle métaphore décrirait le mieux cette situation ?").

  
  

3. L’ironie, attention: arme à double tranchant!

• Risque : "Vous avez encore réussi à éviter un dossier, bravo !" peut être perçu comme une attaque.

• Solution : Utiliser l’auto-ironie plutôt que la moquerie.

  
  

Intégration stratégique : timing et personnalisation

L’efficacité de l’humour repose sur deux piliers :

1. Le timing

• Phase initiale : Établir la confiance avant toute « provocation ».

• Phase de résistance : Désamorcer les tensions par une remarque légère ("On dirait que votre agenda a déclaré son indépendance !").

  
  

2. L’adaptation au profil du coaché

• Pour les profils rationnels : L’humour absurde ou géométrique ("Votre problème est comme un cercle carré…").

• Pour les émotionnels : Des histoires métaphoriques avec des animaux ou des super-héros.

  
  

L’humour, marqueur d’intelligence relationnelle

Maîtriser l’art de l’humour en coaching, c’est conjuguer finesse psychologique et audace.

Cet outil, lorsqu’il est employé à bon escient, fluidifie les échanges, accélère les prises de conscience et transforme les blocages en leviers.

Comme le souligne le comédien Gérard Jugnot : "Le rire, c’est comme les essuie-glaces : ça n’arrête pas la pluie, mais ça permet d’avancer."

À vous de jouer : Testez une micro-intervention humoristique lors de votre prochaine séance de coaching et observez son impact.

La frontière si ténue entre le sérieux et le ludique est souvent le lieu où naissent les véritables illuminations...

Auteur : Jean Noël BRUERE

Coach Réunion Consulting 2025

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