top of page

🚨 La rage narcissique : comment la reconnaître et vous en protéger ?

  • Photo du rédacteur: Jean Noël Bruère
    Jean Noël Bruère
  • 4 mai
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 6 jours



Un déchaînement émotionnel déroutant


Imaginez une personne habituellement si calme et si posée qui se transforme soudain, visage écarlate, poings serrés, yeux exorbités, en un énergumène charriant avec lui un tombereau de hurlements, d’insultes ou de menaces.


Ceci constitue souvent la manifestation d'un mécanisme psychique particulier, particulièrement violent : la rage narcissique.


Ce phénomène déstabilisant laisse généralement ses témoins perplexes et désemparés.


Les fondements théoriques du concept


Le psychanalyste Heinz Kohut (1) fut le premier à formaliser cette notion, dans les années 1970.


Selon ses travaux, cette réaction disproportionnée survient lorsque l'image de soi d'un individu narcissique subit une atteinte perçue comme intolérable.


Entendons nous bien, il ne s’agit là que de perceptions. L’atteinte en question, si elle est ressentie comme insupportable par le narcissique, est innocente pour le commun des mortels.


C’est un mot anodin, une expression du visage, une broutille, pas de quoi fouetter un chat…


Mais la blessure narcissique provoque malgré tout une décharge émotionnelle violente, pouvant prendre des formes effrayantes.


Les deux visages de la colère pathologique


L'expression de cette fureur se décline principalement selon deux modalités distinctes:


·       L'explosion ouverte se traduit par des comportements manifestement agressifs : gestes violents, ton vociférant, destruction d'objets ou passages à l'acte physique.


·       La version passive-agressive se manifeste de manière plus subtile : silences lourds de sous-entendus, remarques acerbes déguisées en humour, ou stratégies d'évitement calculées.


Les racines psychologiques du phénomène


Plusieurs éléments clés permettent de comprendre l'origine de ces réactions excessives et perturbantes, autant pour leurs auteurs que pour ceux qui en sont les cibles :


·       Une construction identitaire fragile, masquée par une façade de supériorité et d'autosuffisance apparente.


·       Des peurs archaïques liées à l'abandon ou à l'humiliation, souvent enfouies dans l'inconscient depuis l'enfance.


·       Une incapacité à réguler les émotions, fréquemment associée à des traumatismes développementaux non résolus.


Mécanismes de défense et projection


Lorsque leur estime de soi vacille, ces individus activent des stratégies psychiques particulières.


Le recours systématique à la projection (2) leur permet d'attribuer à autrui leurs propres sentiments d'infériorité.


Ce processus explique en partie la violence des réactions dirigées vers l'extérieur.


Conduites à tenir face à l'orage


Plusieurs attitudes permettent de naviguer dans ces situations explosives :


1.   Le maintien d'une posture neutre : Toute réaction émotionnelle risquerait de jeter de l'huile sur le feu.


2.   L'affirmation de limites claires : Nommer calmement mais fermement les comportements inacceptables.


3.   La préparation d'une stratégie de retrait : Repérer mentalement les issues possibles en cas d'escalade. La fuite est une stratégie honorable.


L'importance cruciale de l'auto-protection


Dans ces contextes relationnels toxiques, la préservation de son intégrité physique et psychique doit rester la priorité absolue.


La reconnaissance précoce des schémas interactionnels dangereux permet d'anticiper et de désamorcer les crises potentielles.


Chat échaudé craint l’eau froide


Cet accès de rage si violent et inattendu est certes une circonstance désagréable pour vous, mais elle vous permet de savoir ce collègue, ce parent, cet ami, capable de telles explosions et d’apprendre à vous en prémunir.


Les inévitables rages suivantes, dont ce type de gugusse vous gratifiera sûrement, seront pour vous moins surprenantes et plus faciles à gérer.


Approches thérapeutiques possibles


Pour les personnes sujettes à ces accès de rage, et sincèrement désireuses de les atténuer, plusieurs pistes de travail existent (3):


·       Les thérapies cognitivo-comportementales aident à identifier et modifier les schémas de pensée dysfonctionnels.


·       Les approches psychodynamiques permettent d'explorer les blessures narcissiques originelles.


·       Les techniques de régulation émotionnelle offrent des outils concrets pour gérer les affects intenses.


Perspectives à long terme


La prise de conscience progressive des mécanismes en jeu ouvre la voie à des relations interpersonnelles plus saines.


Pour les victimes de ces comportements, l'établissement de frontières solides constitue souvent le premier pas vers une reconstruction.





Votre expérience nous intéresse :


Avez-vous déjà été confronté à ce type de réaction ? Vos témoignages pourraient éclairer d'autres lecteurs sur ces dynamiques relationnelles complexes.




Auteur Jean Noël BRUERE

Droits réservés COACH REUNION CONSULTING 2025 ®


 

(1)        Heinz Kohut (1913-1981) était un psychanalyste américain d'origine autrichienne, fondateur de la psychologie du Self. Il a révolutionné la compréhension du narcissisme en le conceptualisant non comme une pathologie mais comme un besoin développemental normal. Ses travaux sur les troubles narcissiques et le concept de "rage narcissique" ont marqué la psychologie contemporaine.

(2)        La projection est un mécanisme de défense psychologique inconscient par lequel une personne attribue à autrui ses propres pensées, sentiments ou impulsions inacceptables.

(3)        Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) travaillent sur les distorsions cognitives en repérant et restructurant les pensées automatiques négatives. Les approches psychodynamiques, quant à elles, remontent aux sources inconscientes des blessures narcissiques, souvent liées à l'enfance, pour en comprendre l'impact actuel. En parallèle, les techniques de régulation émotionnelle (comme la pleine conscience ou la respiration contrôlée) fournissent des méthodes pratiques pour moduler l'intensité des émotions envahissantes, complétant ainsi l'arsenal thérapeutique.





 
 
 

Comments


bottom of page